De Sébastien Dumont, pèlerin climatique, ce 2 décembre 2018 :

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Yeb Sano, ancien négociateur des Philippines aux conférences climat de l’ONU, lançait un premier pèlerinage en Europe depuis Rome jusqu’à Paris en 2015 pour la COP21. J’ai eu l’honneur d’y participer entre Lyon et Paris. Cette année, à l’occasion de la COP24 et des 3 ans de l’encyclique
« Laudato Si » du pape François, Yeb Sano nous a proposé de le rejoindre pour un pèlerinage depuis Rome jusqu’à Katowice en Pologne, où se tient la COP24. Je suis parti une quinzaine de jours au mois d’octobre et je vais rejoindre les pèlerins climatiques à nouveau pour 10 jours début décembre. Nous avons marché entre Rome et Assise à la rencontre des communautés paroissiales, scolaires ou religieuses qui nous accueillaient. Mes motivations intérieures dans cette démarche sont multiples. Mais je suis particulièrement sensible à la justice climatique, à savoir que le réchauffement climatique est aussi une question de justice sociale, puisque ceux qui ont le moins contribué aux émissions de gaz à effet de serre sont les premiers à en subir les conséquences. Ce que dit le pape François dans Laudato Si (LS) au §49 : « nous ne pouvons pas nous empêcher de reconnaître qu’une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres. » m’a beaucoup rejoint à la sortie de LS. Le 1er jour de marche, depuis Rome, nous avons d’ailleurs marché avec des réfugiés, venant d’Afrique et du Proche-Orient. C’était comme un symbole de la toute la famille humaine marchant pour le bien commun qu’est le climat, car à travers nos échanges, apparaissait comme une évidence que tout est lié. En effet, dans leur témoignage, le changement climatique pouvait apparaître comme une composante des raisons de leur départ.

La dimension spirituelle est essentielle aussi. Si nous marchons vers Katowice pour réclamer la justice climatique, si nous savons que la pression de la société civile civile est nécessaire pour inciter les décisions politique (cf §179 et 181 de LS), nous savons aussi que « toute solution technique que les sciences prétendent apporter sera incapable de résoudre les graves problèmes du monde si l’humanité perd le cap, si l’on oublie les grandes motivations qui rendent possibles la cohabitation, le sacrifice, la bonté. » comme le dit le pape François au §200 de LS.

Marcher, c’est aussi le miracle de témoigner d’une espérance au-delà de ce que l’on dit ou écrit. Quelle grâce d’entendre cette personne souriante au bord de la route qui nous disait que nous lui donnions de l’espérance. Le 4ème jour de marche, mon espérance était atteinte : à quoi bon marcher ? Ne devrai-je pas plutôt être auprès de ma famille ? Je croyais lire Bernanos. Mais le lendemain, la paix m’était donnée dans la prière : la victoire était déjà acquise en Jésus. Je me réjouissais alors de ce bref combat intérieur. Qu’est-ce que l’espérance en effet si l’on n’est pas passé par la désespérance ?