Chronique FabienR. 09-nov-2020

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Chronique d’Écologie intégrale tous les lundis sur Radio Espérance.

Acronymes – LS : Laudato Si – EI : Ecologie Intégrale

Chronique d’écologie intégrale du lundi 9/11/2020

Vivre l’avent avec L’écologie intégrale

Quand les orthodoxes décident de placer la journée de prière pour la sauvegarde de la création le premier septembre, c’est parce que ce jour est le premier de leur calendrier liturgique. C’est aussi le jour qui fait mémoire de la création du monde. Le calendrier liturgique catholique commence au premier dimanche de l’Avent, c’est à dire au premier jour de cette semaine. Je me suis dit qu’est-ce que ça ferait si on commentait les lectures de ce dimanche dans la perspective de l’EI. Et bien la mise en œuvre de l’EI dans notre vie, notre Eglise et notre monde correspond à l’invitation à la veille que nous adresse NSJC dans l’évangile de Marc. Mais tout d’abord, l’interpellation d’Isaïe en la première lecture sonne de manière particulière en ces temps troublés qui sont les nôtres : « Pourquoi, Seigneur, nous laisses-tu errer hors de tes chemins ? Pourquoi laisser nos cœurs s’endurcir et ne plus te craindre ? » Face au péril qui menace la terre et l’humanité et dont une des manifestations est la crise sanitaire que nous traversons, on se pose bien la question ! Pourquoi l’être humain est-il devenu un prédateur et un destructeur de la création plutôt que son gardien ? Une clameur s’élève auprès du Seigneur : « Ah si tu déchirais les cieux, si tu descendais ! » La clameur de la terre et la clameur des pauvres a dans son contenu, l’intervention et la venue divine pour solutionner le problème. Cette demande est redoublée par le Ps 79 : « Dieu de l’univers, reviens ! Du haut des cieux, regarde et vois : visite cette vigne, protège-la, celle qu’a plantée ta main puissante. » La vigne c’est traditionnellement Israël, mais face à la clameur de la terre, je ne peux m’empêcher d’y voir la création toute entière. Dieu a créé le monde, il est en péril, qu’il vienne donc le secourir. Pourtant comme c’est à son habitude Dieu ne veut pas nous dédouaner de nos responsabilités. Il ne veut rien faire sans nous. C’est le propre de la bonté et de la providence divine nous dit Saint Thomas d’Aquin que par amour pour ses créatures il leur confère une capacité d’action par délégation. Nous sommes providence pour les créatures en tant qu’êtres humains créés à l’image de Dieu. Jésus nous indique une posture à suivre : « Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin ; s’il arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! ». Nous attendons sa venue qui apporte la salut et l’aide que nous lui demandons, et c’est bien le sens de l’Avent : venue à Noël, dans notre histoire humaine, venue dans nos cœurs dans notre vie de chaque jour, venue dans la gloire au jugement dernier, pour l’établissement de la création nouvelle où toutes les créatures seront réconciliées. Mais en attendant ce n’est pas le cas. Il nous est demandé de veiller c’est-à-dire de préparer cette venue. Il s’agit de vivre en chrétien. L’épitre aux Corinthiens peut nous y aider : « en lui vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la parole et de la connaissance de Dieu. » et d’après LS 217, la conséquence de cette rencontre avec Jésus, c’est l’intégration de l’EI dans la vie chrétienne. De nous-même nous devrions comprendre cela et le vivre. Mais manifestement c’est hors de notre portée, alors que faire ? La bonne nouvelle c’est que nous ne sommes pas pélagiens, c’est-à-dire que nous ne travaillons pas à notre salut à la force du poignet. C’est bien la grâce de Dieu qui agit en chacun de nous. C’est encore ce que dit Saint Paul : « C’est lui qui vous fera tenir fermement jusqu’au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus Christ. » Dans la perspective de l’EI cet enseignement de Paul apporte une dimension fondamentale de l’engagement chrétien. Il n’y a pas d’obligation de résultat. L’essentiel est de se tenir dans la fidélité à la présence de Dieu et à la tâche qui nous est confiée. Ce n’est pas nous qui sauvons la planète, en revanche c’est à nous d’agir inlassablement pour sa protection même si on y arrive pas. Parce ce qui compte c’est d’être dans la veille, et agir comme des veilleurs qui veillent sur la venue du Christ et donc sur leur vie chrétienne qui inclut la vocation à être des gardiens de la création. C’est enfin le sens de GS 39,2 les pères du CVII indiquent une posture fondamentale du chrétien dans l’attente de la venue du Christ : « Certes, nous savons bien qu’il ne sert à rien à l’homme de gagner l’univers s’il vient à se perdre lui-même [77], mais l’attente de la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller : le corps de la nouvelle famille humaine y grandit, qui offre déjà quelque ébauche du siècle à venir. » L’EI n’est pas une question de résultat, mais de fidélité à une vocation et une mission de l’humanité sur la terre. Viens Seigneur Jésus.