Chronique FabienR. 16-nov-2020

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Chronique d’Écologie intégrale tous les lundis sur Radio Espérance.

Acronymes – LS : Laudato Si – EI : Ecologie Intégrale

Chronique d’écologie intégrale du lundi 16/11/2020

Les évêques de France en assemblée plénière et l’agriculture

Depuis l’année dernière les évêques de France ont pris, et ce pour trois ans, comme thème de travail en AP le sujet de l’écologie intégrale. Ainsi, consacrent-il 2 jours sur 6 à réfléchir et se former sur ce thème. Cette session de 2 jours au cœur de leur AP est désormais l’occasion de faire venir deux personnes de leur choix bien souvent des laïcs investis dans le champ de l’écologie dans leur diocèse. Cette année ils ont approfondi le sillon de l’EI du côté du champ… de l’agriculture. C’est notamment avec le P. François Euvé sj que les évêques ont pu développer la théologie du rapport à la terre et de l’activité humaine dans la création. Le dimanche 8 novembre Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la CEF s’est exprimé lors du traditionnel discours de clôture de l’AP. Dans ce discours les questions relatives à la crise sanitaire sont nombreuses comme par exemple celle de la célébration eucharistique dominicale. Mais la question de l’agriculture est abordée sous l’angle de la célébration du créateur. Manifestement le point de départ de la réflexion des évêques fut le verset 15 du ch. 2 du livre de la Genèse : « Dieu prit Adam et le mit dans le jardin pour le cultiver et le garder ». Car s’il en est un qui fonde une vocation de l’humain à cultiver la terre c’est bien celui-là. Avant de rentrer plus en profondeur dans les questions abordées par les évêques, je précise une chose au sujet de la place de l’agriculture dans l’EI et plus précisément dans LS. Le thème est en effet peu présent et quand il l’est, il comporte deux caractéristiques. La première est celle d’être incluse dans le champ de l’écologie humaine en ce qui concerne la vie à la campagne. Deuxième point, les commentateurs s’accordent pour dire que les référence à l’agriculture témoigne de ce que le pape a effectivement connaissance du monde agricole de son pays d’origine l’Argentine qui est une réalité bien différente, et de celle des pays pauvres, et de celle des pays développés comme la France. C’est pourquoi, il est nécessaire de pouvoir adapter les différents concepts de l’EI au monde rural de chez nous alors même que leur problématique n’est pas directement traitée. C’est là où l’apport biblique et théologique du P. Euvé est le bienvenu en ce qu’il donne des outils intéressants pour accomplir une telle adaptation. A sa suite, Mgr de Moulins Beaufort rappelle que le verbe cultiver « la terre signifie aussi le service ou le culte rendu à Dieu. Une terre cultivée rend gloire à Dieu le Créateur ». Il rappelle ainsi que la vocation de l’humain dans la création n’est pas qu’économique mais bien liturgique et religieuse. La vocation de prendre soin de la création, équivaut à un culte rendu à Dieu. Le président de la CEF rappelle ensuite l’importance de la conviction que doit avoir le paysan de la bonté de la création s’il veut accomplir son métier avec un peu d’enthousiasme et d’espérance, je cite : « C’est croire que tout procède d’une bonté et que tout être est pénétré de cette bonté qui l’a suscité de près ou de loin. » Cette bonté, je le rappelle est fondatrice de la démarche de l’écologie intégrale et justifie la posture de respect que l’humain doit avoir envers l’œuvre de Dieu. Parmi les éléments qui constituent cette bonté, l’archevêque de Reims rappelle qu’il y a sa fécondité qui se manifeste selon deux modalités, je cite : « dans la capacité de la planète de nourrir les humains et dans celle des humains de trouver les modes les meilleurs d’exprimer la fécondité de la planète ». Oui la terre nourrit, mais elle ne le fait pas sans le travail humain. Ce qui permet de bien souligner que le travail humain est à compter parmi les éléments qui caractérisent la bonté de la création. A partir de ces principes voilà que Mgr de Moulin Beaufort propose trois réflexions : la première sur la nourriture, la seconde sur la dimension humanisante de l’activité agricole, et la troisième comme une ouverture sur le sujet de la prochaine AP en mars, sur le thème « créer et produire », qui se situe comme un prolongement naturel du thème de la culture de la création. Parmi les propositions de la première réflexion sur la nourriture, il rappelle, comme le fait le pape dans LS, l’importance de la bénédiction du repas, dans la reconnaissance du don de la création en provenance de l’amour qui crée et qui sauve. Dans ce sens cela renforce la proposition du pape François de développer une spiritualité de l’EI. Pourquoi l’activité agricole est-elle humanisante pour Mgr de Moulin Beaufort ? Parce que le paysan se situe au contact de la création qui témoigne de la sagesse du Créateur. En effet, « Le sol grouille de fraternité » a-t-il été dit pendant la session par un jeune paysan. Le président de la CEFf commente, et termine avec cela : « Nous pouvons nous servir de cette fraternité, nous pouvons l’asservir ou la détruire, lui permettre de se développer ou la forcer pour ce que nous croyons être notre bénéfice et qui peut l’être pendant un temps ; nous pouvons la servir, l’aider à agir mieux encore, et nous pouvons aussi en rendre grâce au Créateur et y reconnaître un signe de sa sagesse et de la sagesse à laquelle il nous appelle. »