Chronique FabienR. 07-dec-2020

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Chronique d’écologie intégrale du lundi 7/12/2020

Création nouvelle et conversion à l’Ecologie intégrale

Pour être fidèle à la parole de Dieu donnée en ce deuxième dimanche de l’Avent, faut-il encore défigurer le paysage de chez nous avec de nouvelles autoroutes et voies ferrées à grande vitesse ? « Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu. Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées ! que les escarpements se changent en plaine, et les sommets, en large vallée ! » Resituons cette interpellation dans son contexte. Il est en effet de coutume en Moyen Orient antique de faire ce genre de terrassement pour la venue victorieuse d’un grand roi dans une ville conquise. Cela devient un symbole annonciateur de la venue glorieuse d’un grand roi par parler de celle du Dieu sauveur. Alors, ce n’est pas la peine de s’exciter sur le bulldozer. C’est un texte qui insiste sur l’action salvifique ce de Dieu, qui est le maître des temps et de l’histoire : « Voici votre Dieu ! » Voici le Seigneur Dieu ! Il vient avec puissance ; son bras lui soumet tout. » Faut-il alors se décharger sur lui et attendre qu’il fasse tout à notre place ? Non le texte indique une tension à maintenir : il faut préparer, et il faut attendre l’action de Dieu. Nous avons aussi notre part à jouer. Or, ce qui est annoncé dans les temps messianiques, c’est une création nouvelle nous dit saint Pierre dans son épitre. Cette création nouvelle est marquée par le fait, nous dit le Ps 84 : que « la gloire habitera notre terre. » C’est cela le fruit de l’action divine qui accompagne la libération et le salut en réponse à la clameur de la terre et de la clameur des pauvres. Que la Gloire de Dieu habite la terre, c’est le signe de sa transfiguration, l’infusion de la vie même de Dieu, qui est manifestée dans la résurrection de Jésus. Les images sont étonnantes, et convoque l’action de la création elle-même qui va produire des choses inhabituelles. Reprenons ces actions dans le psaume : « la vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice. » Manifestement ce n’est pas le cas de notre création en état de cheminement. Ce sera plus naturel d’être dans le vrai et la justice dans la création nouvelle. Plus loin : « Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit. » Comme un échange, comme le fruit d’une action féconde, comme le fruit d’une bénédiction. Cette création nouvelle nous est promise, et nous l’attendons, selon la perspective de dimanche dernier, comme des veilleurs. Mais pourquoi diable cette attente qui peut nous paraître un peu longue, nous dit saint Pierre dans son épître ? : « il veut que tous parviennent à la conversion. » Avec LS, nous savons désormais que la conversion à Jésus Christ s’accompagne de la mise en œuvre de l’EI ! Mais l’avènement de la Création Nouvelle a de quoi faire frémir ! « Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce qu’on a fait ici-bas, ne pourra y échapper. » La figue de ce monde passe dit Saint Paul, il doit donc être prévu une sorte de mort de la création, pour qu’elle puisse … ressusciter en une création nouvelle ! Saint Pierre continue : « Car ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. » Dans le contexte de l’EI, la conversion qui nous est demandée implique d’entrer dans le regard de Dieu sur la création. Il s’agit de voir la création depuis son origine jusqu’à son accomplissement et voir que Dieu voit déjà la création glorifiée, dans toute la splendeur. C’est cela qui lui donne une valeur inestimable et que nous bafouons par nos actions destructrices, c’est ce que nous bafouons quand nous ne sommes pas gardiens de la création. C’est dans le sens de la réalisation de cette vocation que nous pouvons, entre autre, comprendre ce que signifie être « sans tache ni défaut, dans la paix. » L’évangile de Marc vient comme un couronnement de cette progression des lectures, toujours selon la clé de compréhension fournie par l’EI. Il est question d’une conversion qui aide à la préparation de la venue du Seigneur dans la gloire et dans l’attente de la Création Nouvelle. Jean le Baptiste apporte un baptême de conversion, pour le pardon des péchés. Le pape François dans LS met bien en perspective le rapport entre le péché contre la création, la nécessité de la conversion (LS 217), et la reconnaissance de la valeur propre des créatures ; valeur exprimée ce dimanche dans le fait que Dieu estime la création si importante qu’il veuille la glorifier de sa vie divine. Marc nous donne la clé de cette tension entre le travail de préparation des chemins du Seigneur et sa venue avec puissance. Oui c’est Dieu qui fait tout et qui nous sauve, et cela passe par notre conversion. Oui c’est Dieu qui prépare la création nouvelle, et c’est nous qui avons reçu la vocation d’être des gardiens de cette création qui nous est confiée, même si elle doit mourir pour laisser la place à celle qui advient dans la gloire du Rédempteur. Viens Seigneur Jésus.