Chronique FabienR. 12-dec-2020

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Chronique d’Écologie intégrale tous les lundis sur Radio Espérance.

Dimanche de Gaudete… et humilitatis

Il apparaît que le fil directeur des lectures de ce dimanche soit le lien établi entre joie et humilité. Dans les termes de l’EI on pourrait parler de sobriété heureuse me semble-t-il. Vérifions cette hypothèse. Isaïe fait proclamer dans la bouche du Messie : « Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle (l’heureuse annonce) aux humbles ». L’EI nous rappelle que dans le cadre de la Révélation Chrétienne il faut prendre en compte non seulement l’événement JC et le salut, mais aussi la création qui est présentée dans LS comme appartenant à la bonne nouvelle à transmettre. C’est l’évangile de la création. Isaïe indique que cette bonne nouvelle est annoncée en priorité aux plus humbles. Du point de vue de la DSE ça colle bien avec l’option préférentielle pour les pauvres. Le souci qu’on leur porte n’est pas uniquement matériel, mais aussi spirituel. Il faut avoir en tête et au cœur que désormais parmi les pauvres auxquels nous apportons notre soutien et la bonne nouvelle, l’heureuse annonce est également destinée à la planète. Le pape François inscrit la réponse chrétienne à la clameur de la terre dans la perspective d’Isaïe : il s’agit vraiment d’une libération à apporter à notre sœur Mère la Terre qui attend avec impatience la libération des enfants de Dieu, d’après Saint Paul au ch. 8 de l’épitre aux Romains. Pour entrer elle-même dans la gloire promise à ces mêmes enfants de Dieu. L’annonce de la libération des pauvres qui est suscitée par la présence de l’Esprit de Dieu suscite la joie car une espérance est possible pour ces plus humbles. S’il en est une qui réalise dans sa vie cette prophétie d’Isaïe, c’est bien Marie. A la place du psaume nous avons des extraits du Magnificat qui suivent assez bien la structure du cantique d’Is dans la première lecture : Marie chante sous l’emprise de l’Esprit qui est venu la couvrir de son ombre. Dans la Tradition Marie est présentée comme la Reine des pauvres, et également la Reine de tout l’univers, c’est à dire de toute la création. En tant qu’humble servante du Seigneur elle symbolise les attentes d’Israël, mais aussi les attentes de toute la création tournée vers la venue de son sauveur et créateur. Sainte Hildegarde de Bingen établit dans ses hymnes cette correspondance entre Marie et la création, elle y est comparée à une tige verte emplie de la force de l’Esprit Saint, en jouant sur l’association des mots Vierge (virga), verge (verga, la tige) et la viridité, c’est-à-dire la puissance de vie, la verdeur de l’Esprit Saint dans la vie de l’humanité sanctifiée et dans la création vivifiée. L’action de la grâce vivifiante de l’ES dans la vie de Marie est bien sûr la venue du libérateur des plus pauvres, et de leur glorification en Dieu, la création incluse. La joie du prophète Isaïe, la joie d’Israël, la joie du Messie, la joie de Marie, est en effet accessible au peuple de ceux qui attendent sa venue, nous dit saint Paul aux Thessaloniciens ; toujours dans l’esprit de la veille qui traverse les lectures de dimanche en dimanche pendant ce temps de l’Avent. L’esprit de Dieu est sur le messie, sur Marie, mais aussi sur chacun d’entre nous car c’est lui qui nous sanctifie, et par cette sanctification, c’est lui qui nous fait tenir toujours joyeusement et nous prépare dans la veille de la venue du Seigneur. Joie et humilité sont donc les maître-mots de ces lectures. Pourtant la joie n’est pas explicitement mentionnée dans le texte d’évangile de ce dimanche. En revanche une belle figure d’humilité nous est présentée, celle de saint Jean-Baptiste qui pourrait nous être donné comme le saint patron de la sobriété heureuse. Il a tressailli de joie lors de la visite de Jésus dans le sein de sa Marie. Puis, comme Marie il assume son rôle de transmetteur et d’annonciateur. Pour ce faire il se modèle sur le mouvement du Christ lui-même : celui de l’abaissement selon l’esprit de l’épitre aux Phi au Ch. 2 dans lequel saint Paul décrit la kénose. C’est le fait du dépouillement du rang divin du Verbe qui vient assumer celui de la créature humaine. Jean le Baptiste – outre le fait d’être habillé de poils de chameau et de manger des sauterelles – s’efface devant la venue de celui qui est plus grand que lui. La pauvreté et la sobriété à imiter sont d’abord celle de Dieu qui vient nous rejoindre dans notre condition de créature. Il n’y a pas de sobriété heureuse qui ne soit chrétienne si elle n’est pas modelée sur l’abaissement du Christ jusque dans la crèche et de la crèche à la croix. Sainte Marie et saint Jean baptiste ont vécu cet abaissement joyeux dans l’accueil et l’annonce de Jésus pour le monde. A nous de prendre leur suite, joyeusement et sobrement.