Chronique-FabienR-26-dec-2020

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Chronique d’Écologie intégrale tous les lundis sur Radio Espérance.

Chronique d’écologie intégrale du samedi 26 décembre 2020

Dimanche de Noël année B

Lorsque le Pape François fut intronisé dans ses fonctions pontificales, ce fut le jour de la solennité de la saint Joseph le 19 mars 2013. Au cours de son homélie programmatique il fila une métaphore pour introduire son programme pastoral préfigurant l’écologie intégrale : La figure de saint Joseph comme gardien de la sainte famille est le modèle à prendre pour être gardiens des dons de Dieu. Garder Jésus, garder l’Eglise, garder la création et garder chaque personne avec amour. Ainsi nos familles sont instaurées en symbole des dons de Dieu dont nous sommes les gardiens. La posture de gardien de sa famille illustre ainsi la posture notamment de celui qui s’engage pour la sauvegarde de la création. Dans LS le pape François présente la famille comme étant le premier lieu de l’apprentissage de l’EI et de sa mise en pratique. La famille est en effet le premier lieu où le petit humain apprend les relations dont il vit et dépend pour sa croissance et son épanouissement. Comme Jésus qui grandit en force et en sagesse, nous faisons l’expérience de la nécessité du temps de la croissance saine et équilibrée. La famille est le premier écosystème qui permet de découvrir l’importance de l’interdépendance dans une écologie humaine. Dieu lui-même donne l’exemple quand accepte de se soumettre aux temps et aux processus initiés par le don de la vie biologique, ceux de la croissance humaine : « L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. » Tout ça il aurait pu l’être d’un seul coup. Il est Dieu tout de même ! Nous sommes nous-mêmes à l’image de Dieu et le modèle à imiter c’est bien Jésus qui est l’image parfaite du Père et le modèle de l’homme parfait. Face aux injonctions de la toute puissance technique et de l’immédiateté du numérique acceptons de prendre le temps de grandir selon les rythmes de notre nature et de nous fortifier et devenir sage un peu plus avec le temps. La famille nous indique les lectures de ce dimanche est aussi le lieu de l’apprentissage du don : Abraham donne sa foi et sa confiance à Dieu, de même Sara pour se lancer dans une aventure improbable. Ma deuxième lecture nous rappelle également qu’Abraham donna son fils Isaac à Dieu. Joseph et Marie donnent leur fils premier né, Jésus à Dieu en allant au temple. L’enjeu sociétal est de taille pour notre humanité aux prises avec les différentes crises qu’elle traverse. La pratique du don devrait être paradigmatique de ce que pourrait-être une société marquée par l’EI comme avait commencé de le suggérer JPII dans CA en 1991 avec la perspective de l’économie du don reprise par Benoît XVI dans CiV et ses ramifications contemporaines dans le courant de l’économie de François basée sur la fraternité. Mais le don que font Marie et Joseph en préfigure un autre à venir celui de Jésus lui-même à son Père sur la croix : Il est une chose qu’on ne dit pas souvent en chaire, mais qui semble une hypothèse juste de lecture de l’évangile de saint Luc : Jésus par Marie serait d’origine lévitique et donc prêtre. C’est pour cela que ce rite de la présentation au temple est mentionné. Le prêtre est celui qui offre les dons à Dieu en sacrifice, Jésus est à la foi le prêtre l’autel et la victime offerte. Le prêtre est un médiateur qui présente le monde à Dieu et qui présente Dieu au monde, à la création. Il faut donc voir dans cet évangile la préfiguration de la vocation de Jésus à accomplir son ultime sacrifice sur la croix, mystère du Salut de notre monde qui acquiert la vie divine en la résurrection. Jésus est le grand prêtre de toute la création. C’est la fonction par laquelle dans le sang de la croix, saint Paul nous dit qu’il nous acquiert la paix entre tous les êtres ceux du ciel et ceux de la terre en une création nouvelle et réconciliée. Cette présentation au temple de Jésus en tant que prêtre contient en germe le mystère du salut cosmique qui est au cœur de la foi chrétienne. Or d’après Gn 1 la vocation de la création c’est de porter du fruit par une abondance de vie. Abraham reçoit la promesse d’une descendance nombreuse, Jésus par sa vie sa mort et sa résurrection s’acquiert une multitude de Frères et sœurs. La famille est enfin le symbole de cette fécondité signe de l’action principale de Dieu : la bénédiction. Je voudrais ainsi terminer en signalant non pas les problèmes de démographie que la planète peut connaître, mais pour dire au contraire que la famille devient avec l’EI un des modèles proposés par le pape pour penser les relations de fraternité à vivre entres les créatures peuplant et formant la maison commune. Abraham reçoit en héritage la terre, c’est-à-dire la maison commune. La maison commune est cette nouvelle communauté familiale dont la finalité est la réalisation féconde de la communion universelle.