Chronique FabienR. 16-jan-2021

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Chronique d’Écologie intégrale tous les lundis sur Radio Espérance.

Chronique d’écologie intégrale du samedi 16 janvier 2021

Deuxième dimanche du temps ordinaire année B

Les différents textes de la liturgie de ce deuxième dimanche du temps ordinaire concernent notre relation personnelle avec Dieu. Il y est question de la réponse à un appel, tant pour Samuel qui entend la voie de Dieu pensant que c’est celle d’Eli, que pour le psalmiste tel un bon scout toujours prêt à faire la volonté de Dieu, ou, pour les premiers disciples de Jésus. Dans un premier temps je trouve cette approche intéressante à interpréter du point de vue de l’EI. Si l’EI concerne les quatre relations que nous entretenons avec le monde, selon les rapports à Dieu, aux autres, à soi et à la création, les textes de ce jour sont expressément centrés sur la relation à Dieu. Dans le Compendium de la DSE cette relation est dite rectrice des trois autres, la plus importante autour de laquelle les trois autres s’organisent. Ces quatre relations forment un ensemble cohérent et systémique et le développement intégral de la personne humaine passe par l’harmonisation des 4 relations. Je suis sensible à ce verset de 1S : « Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée. » Il semblait manquer quelque chose à la vie de Samuel, ce qui faisait que sa réponse n’était pas ajustée. Il a eu le besoin de la médiation d’un autre afin qu’il puisse ajuster sa relation à Dieu. Ainsi on comprend qu’il n’existe pas de relation unilatérale entre moi et mon Dieu à moi tout seul. La relation à Dieu a besoin de l’autre, et donc de la communauté pour être ajustée. Cela montre que nous ne sommes pas des êtres coupés des autres pour notre existence, mais nous sommes bien des êtres de relation. D’ailleurs le résultat se fait sentir et les conséquences sont au rdv : « Samuel grandit. Le Seigneur était avec lui ». L’ajustement de la relation à Dieu permet donc la croissance et l’épanouissement. Cela rappelle l’évangile du dimanche de la sainte famille dans lequel on nous présentait le recouvrement de Jésus au temple. Dans son ajustement à la relation à son Père, Jésus croît en force et en sagesse.

La deuxième lecture établit une connexion entre le rapport à Dieu et le rapport à soi par la médiation du corps. Ici aussi du point de vue de l’EI nous avons un rappel intéressant car le pape François insiste pour dire qu’il n’y a pas d’EI sans la découverte et l’intégration de sa propre dignité de personne aux yeux de Dieu. L’importance que Paul accorde au corps montre que le christianisme n’est pas une religion de l’esprit désincarné, mais justement une religion de l’Incarnation. La réalité matérielle compte aux yeux de Dieu, son mépris est un péché. La personne n’est pas personne sans son corps et c’est bien par la médiation du corps que les personnes peuvent être en relation avec les différentes composantes de ce monde. La bonté du corps est exprimée par la présence de l’Esprit Saint. L’Esprit créateur habite le monde matériel, le dynamise et le fait vivre en lui faisant porter du fruit. Si l’être humain est ce microcosme dans le macrocosme, selon la vision de sainte Hildegarde de Bingen, alors il est le résumé de la création, il porte en lui ce résumé. Il porte en lui de manière symbolique la création toute entière. Or donc, dans LS le pape dit que l’ES habite la création toute entière. Ainsi on peut penser que le corps humain est bien ce temple de l’ES de la même manière que ce dernier est présent dans la création comme dans une maison commune.

Justement, ce qui me frappe à la lecture de l’évangile, à travers les appels que Jésus adresse à ses premiers disciples, c’est qu’il est question d’habitation, plus précisément de demeure. Où est, et quelle est la demeure de Jésus ? Saint Jean Rapporte ce dialogue : « « Rabbi – ce qui veut dire: Maître –, où demeures-tu ? » Il leur dit : « Venez, et vous verrez. » Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. » Force est de constater qu’on ne sait rien du lieu de cette demeure, mais il devait exister pour que les nouveaux disciples y passent une journée avec Jésus. C’est comme si c’était cette expérience du lieu de la demeure qui avait convaincu les deux disciples. On peut donc dire que l’expérience fondatrice de leur vocation, est l’expérience de l’habitation à travers la découverte de la demeure du Christ. Cela signifie-t-il que la vocation chrétienne comporte cette expérience ? Pour le pape François il s’agit de « laisser jaillir toutes les conséquences de la rencontre avec Jésus-Christ sur les relations avec le monde qui nous entoure. » Dans le contexte de LS, cela n’est autre que d’habiter le monde compris comme maison commune. Si Jésus est le Verbe créateur incarné, habiter la création, c’est rencontrer le Verbe créateur à travers son œuvre.