Chronique FabienR. 13-fév-2021

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Chronique d’Écologie intégrale tous les lundis sur Radio Espérance.

Chronique d’écologie intégrale du 6ème dimanche TO Année B

Samedi 13/02/2021

Qu’il est difficile de construire et de poursuivre le bien commun quand l’ensemble des moyens n’est pas à disposition. Cette difficulté principale réside dans le fait de ne laisser personne sur le bord du chemin. L’exclusion sociale n’est pas pensable dans la perspective du bien commun. On s’imagine la détresse de l’auteur sacré qui écrit ces lignes de l’extrait du livre du Lévitique proposé comme première lecture de la messe de ce dimanche. En particulier du fait de cette tension qu’il devait avoir entre la nécessité de maintenir du lien entre le malade et la société et celle de protéger la communauté de la contagion de la maladie de la lèpre. On perçoit que cette exclusion n’est pourtant pas mue par la haine ou le mépris, au moins dans ce texte, justement à cause de la forme et la ritualité mises en œuvre pour établir le statut de lépreux. Ce dernier doit passer devant une haute autorité pour se faire reconnaître sa maladie et un jeu de règles à observer lui sont prescrites par la Torah elle-même. Le malade, s’il ne peut vivre la vie communautaire n’est donc pas totalement étranger à l’observation de la Loi juive, il est écarté mais pas, légalement, totalement exclu. Aujourd’hui la lèpre est une maladie qui même si elle n’est pas totalement guérie, est en tout cas fortement restreinte et encadrée dans sa propagation. Cet encadrement et quasi-victoire on les doit aux progrès de la médecine. Nous avons donc ici un exemple ou la technoscience est au service de la dignité de la personne humaine, un cas ou le progrès peut manifestement servir le bien commun dans la mesure où il y a moins de malades qui se voient exclure de la vie sociale.

Il faut se rappeler aussi qu’il y avait un rapport entre la lèpre et le péché. La lèpre était vue comme une sorte de malédiction, pouvant advenir comme conséquence du péché voire une punition divine. Le psaume fait ce lien justement parce qu’il insiste sur la louange adressée à Dieu quand celui-ci vient libérer et pardonner l’orant de son péché. Et même plus, le péché était considéré comme la lèpre de l’âme. On peut donc dire que ce psaume nous oriente vers celui qui a et le pouvoir de pardonner les péchés et le pouvoir de guérir de la maladie et plus largement de libérer du mal et de la malédiction. Je ne peux pas m’empêcher de faire le lien avec la situation actuelle de crise écologique dans la mesure où cette dernière peut être comparée à une lèpre qui ronge notre planète. Rappelons-nous que parmi les éléments fondateurs de l’EI il y a la reconnaissance de la clameur de la terre qui souffre d’une oppression insupportable comme si elle était malade. Rappelons-nous également que la terre fait désormais partie des pauvres dont il faut prendre soin selon le principe de l’option préférentielle pour les pauvres.

La deuxième lecture nous oriente vers l’imitation du Christ qui agit en fonction du Salut et pour le Salut. Curieusement saint Paul nous enseigne à ne pas être source de scandale pour personne. Jésus était-il comme cela ? On se le représente plutôt en train de chasser les marchands du temple. Comme source de scandale c’est plutôt pas mal non ? Or dans l’évangile justement Jésus demande au lépreux de bien accomplir les prescriptions de la Loi et d’aller se présenter au prêtre pour attester de sa guérison. Une fois guéri, le lépreux doit aller voir le prêtre pour être reconnu pur et ainsi réintégrer la communauté de plein droit. Imiter Jésus c’est donc chercher à guérir, à sauver.

Les actions de charité envers les plus pauvres, en particulier dans l’institution des hôpitaux par l’Eglise, me semblent relever de cette injonction de Paul à imiter Jésus. L’option préférentielle pour les pauvres est donc bien une imitatio Christi. On voit ensuite que la guérison et la prise de soin par Jésus réintègrent le lépreux dans la relation et dans la communauté. La prise en charge de la création dans sa pauvreté a également pour fonction de rétablir les liens ajustés entre le monde et l’homme qui fait partie du monde. Seulement nous ne sommes pas là pour sauver la création, seul Dieu le peut. De même guérir n’est pas une action automatique, elle relève également de l’action du Verbe créateur incarné qui exerce un empire sur les éléments de la création. C’est Jésus qui entend la clameur du pauvre. Aujourd’hui encore il peut entendre la clameur de la terre et lui seul lui apportera et la guérison et la libération ainsi que la gloire destinée aux enfants de Dieu, mais nous nous pouvons malgré tout participer en prenant soin de cette création qui nous est confiée.