Heroic Fantasy, écologie et Bible

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Chronique RCF, « Bible et Ecologie » samedi 27 février 2021

Delphine Krzyzanowka : Bonjour Fabien Revol, aujourd’hui vous nous parlez d’un thème plutôt récréatif car vous souhaitez aborder le rapport entre l’Heroic Fantasy et l’écologie et… la Bible. Alors commençons par le commencement, rappelez-nous ce qu’est l’Heroic Fantasy ?

Fabien Revol : C’est un genre littéraire qui s’est développé au XXe siècle sous la forte impulsion de l’auteur catholique J.R.R. Tolkien connu pour son œuvre magistrale Le Seigneur des Anneaux. Tolkien parle de ce genre comme étant en fait le conte de fée. Il porte souvent comme fondement la création d’un monde imaginaire peuplé d’êtres féériques manifestant des caractéristiques que les humains ne possèdent pas, comme la magie ou l’immortalité. Il s’y passe des aventures épiques dans une ambiance de type Médiévale-Renaissance.

DK : Quel rapport avec l’écologie ?

FR : C’est un genre littéraire qui est porteur d’aspirations humaines incluant l’écologie dans une nature souvent sacralisée, siège de puissances surnaturelles qui rappellent souvent à l’humain ses limites et surtout ses ambitions démesurées.

DK : Et le rapport à la Bible alors ?

FR : Il est multiple, et je choisi un passage en particulier : Gn 3, 17 : 17 : « Il dit enfin à l’homme : « Parce que tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé le fruit de l’arbre que je t’avais interdit de manger : maudit soit le sol à cause de toi ! C’est dans la peine que tu en tireras ta nourriture, tous les jours de ta vie. » » Beaucoup d’auteur d’Heroic Fantasy entretiennent un certain rapport avec l’idée de chute aux incidences cosmiques et donc écologiques. Parmi eux on retrouve Tolkien et C.S. Lewis l’auteur des Chroniques de Narnia. Chez Tolkien, il est très clair que le monde imaginaire qu’il a inventé est créé bon par un Dieu d’amour, mais qu’il a été corrompu par la rébellion, non de l’homme, mais d’un ange de lumière qui est devenu ténébreux. C’est le thème du « marrissement » qui se déploie sous la forme d’une baisse progressive de la lumière dans le monde et le dépérissement progressif de la nature comme de ceux qui essaient de la préserver dans des poches de lumière, les Elfes. La victoire des peuples libres dans le SdA est un signe de la résistance de la lumière face aux forces de destructions de Sauron et de Saroumane qui se manifestent par l’asservissement des peuples et la déforestation par le moyen de… l’industrialisation. Chez Lewis c’est différent. Le fait qu’il mette en scène des animaux ou des arbres parlant, signifie son idéal des relations paradisiaques d’avant le péché. Si nous ne communiquons plus naturellement avec les créatures aujourd’hui c’est parce que nous avons à leur égard des relations profondément tordues liées à ce que le pape appellerait aujourd’hui la raison instrumentale qui nous fait considérer les créatures comme des bien à consommer. Narnia nous parle alors d’une création réconciliée.