Chronique FabienR. 01-mai-2021
Chronique d’Écologie intégrale tous les lundis sur Radio Espérance.
Acronymes – LS : Laudato Si – EI : Ecologie Intégrale
Chronique d’écologie intégrale du 01-mai-2021
5ème Dimanche de Pâques Année B
Dimanche dernier nous avions une métaphore issue du monde animal et pastoral. Ce dimanche nous avons une métaphore issue du monde agricole sédentaire et donc végétal. Et oui, on peut se permettre d’être nomade quand la ressource alimentaire se déplace de manière autonome avec soi sur ses pattes. A partir du moment où la ressource alimentaire est collé au sol ou dans le sol, il faut rester à proximité. Ainsi l’autre grande métaphore structurante pour parler dans la Bible du peuple de Dieu c’est la vigne : « La vigne du Seigneur Sabaoth c’est la maison d’Israël » dit le psaume, psaume qui est d’ailleurs chanté au début du premier volet du « Gendarme de Saint Tropez »… Qu’est-ce qu’une vie chrétienne au fond dans la perspective de Jésus : porter du fruit, être fécond. En effet selon Gn 1 : le propre de la vie c’est la fécondité, c’est de se transmettre, de se répandre, de porter du fruit. C’est même un commandement divin donné aux animaux et aux hommes : Gn 1,22 : « Dieu les bénit par ces paroles : “Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez les mers, que les oiseaux se multiplient sur la terre.” » et au premier couple : « Dieu les bénit et leur dit : “Soyez féconds et multipliez-vous.” » La fécondité et donc porter du fruit, c’est le propre de la bénédiction. C’est finalement tout ce que souhaite Jésus dans la continuité de notre vocation d’être vivant : être le disciple de Jésus c’est avoir une vie féconde, une vie qui porte du fruit. Alors aujourd’hui à la suite de Jésus, on entend bien qu’il y a de multiples manières de porter du fruit dans sa vie, notamment par la mise en œuvre de la charité, par le service du prochain, par le don de soi, par la vie en Eglise, par la créativité etc. La métaphore végétale demeure pour signifier la source, l’action et le produit de la bénédiction : un surcroît de vie dans le fait de porter du fruit comme la vigne le fait dans la perspective de réjouir le cœur de l’homme selon l’esprit du Ps 103, car il faut quand même se le rappeler : « tu fais [Seigneur] pousser les prairies pour les troupeaux, et les champs pour l’homme qui travaille. De la terre il tire son pain : le vin qui réjouit le cœur de l’homme ». Mais alors pour porter du fruit que faut-il faire ? Il faut appliquer à notre relation au Christ un des principes de l’ écologie intégrale : « Tout est lié ». Si nous voulons porter du fruit il faut être relié au Christ comme le sarment est relié à la vigne. Si ce sarment n’est pas relié à la vigne il dépérit. Cela signifie qu’il est vital pour nous d’être relié à cette source de vie qu’est le Christ : nous en sommes dépendants. Voici que la métaphore végétale de la vigne, au temps de Jésus devient pour nous une métaphore écologique car pour composer une vigne il faut également une multitude de sarments qui sont tous reliés les uns aux autres et ce par la médiation du Christ. La vigne est un réseau de sarments qui sont tous en interaction d’interdépendance les uns avec les autres par le Christ qui est la vigne comme un ensemble, comme une totalité organique. C’est ici que la métaphore du corps peut venir compléter avec bonheur, celle de la vigne selon l’approche de saint Paul : L’Eglise est le corps du Christ ressuscité. Etre chrétien, c’est donc être relié les uns aux autres par le fait même d’être relié au Christ et c’est dans cette effervescence de relations que notre vie peut porter du fruit. C’est d’ailleurs l’effet des relations que de procurer le surcroit de vie et le surcroît d’être. Teilhard de Chardin dirait même que c’est l’effet de l’ Esprit Saint que de mettre les choses en relation pour que la création se continue et s’accroisse. Jésus nous dit alors que la manière d’être créatif est par excellence d’être en relation avec lui. Jésus le répète et le confirme à la fin de ce passage de l’évangile : « Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. » La visée d’une vie chrétienne épanouie, c’est le développement et la maturité de notre être. En conclusion, porter du fruit, être disciple du Christ, cela correspond à la visée du développement intégral de la personne humaine promue par la doctrine sociale de l’Eglise. Il s’agit du développement de toutes les facettes de notre être, de toutes ses dimensions. Avec Laudato si’ ce développement intégral passe par les moyens de la sobriété dans notre rapport aux biens matériels car il y a dans l’idée que le système économique croissanciste est un obstacle au développement intégral de l’humanité, de tous les hommes et de tout l’homme. Etre disciple du Christ c’est alors demeurer en lui, l’imiter dans notre vie et imiter en particulier son modèle de pauvreté : comme le dit saint Paul dans l’épitre au Philipiens : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. » Le modèle de développement intégral est à emprunter à l’abaissement de Dieu : « Regardez l’humilité de Dieu… »