Chronique FabienR. 10-mai-2021

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Chronique d’Écologie intégrale tous les lundis sur Radio Espérance.

Acronymes – LS : Laudato Si – EI : Ecologie Intégrale

Chronique d’écologie intégrale du 10-mai-2021

2ème Dimanche de Pâques Année B

Vivre en chrétien, c’est-à-dire en ressuscité, ça change un peu tout dans sa vie. On le voit bien dans la première lecture de ce dimanche, il y a quelque chose de nouveau qui se met en place dans la vie de tous les jours et même dans l’organisation sociale. Il apparaît clair que cela modifie au moins le sens de la propriété privée, je cite le livre des actes des apôtres : « personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun. » Collectivisme avant l’heure ? Ce serait un bel anachronisme que de le dire. Mais en tout cas cela parle d’un autre modèle d’organisation économique qui avait l’air de connaître une certaine efficacité car, je cite : « Aucun d’entre eux n’était dans l’indigence ». Le fait qu’aucun membre de la communauté ne soit mis sur la touche permet de dire qu’un des objectifs du bien commun est réalisé. La communauté s’occupe de tous ses membres sans exception. Dans Laudato si’ le pape François rappelle justement que le Bien Commun est la priorité et que si la propriété devenait un obstacle à la réalisation du Bien Commun, il fallait alors mettre cette propriété privée entre parenthèse. Le texte se poursuit : « puis on distribuait en fonction des besoins de chacun. » Cette petite phrase nous parle d’un autre principe permanent de la doctrine sociale de l’Eglise : la destination universelle des biens. Chaque être humain à le droit d’avoir accès aux ressources dont il a besoin pour bénéficier d’un développement intégral, au nom du respect de la dignité des personnes. Cette mise en œuvre nécessite un engagement au nom de l’amour fraternel qui naît de la foi au Christ ressuscité. Plus généralement, il faut rappeler que la source de l’action et de l’éthique chrétienne est l’espérance donnée par la résurrection. Voici ce que nous dit saint Paul à ce sujet dans la deuxième lecture je cite : « Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements. Car tel est l’amour de Dieu : garder ses commandements ; et ses commandements ne sont pas un fardeau, puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Or la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi. » Ce texte trouve un écho certain dans un passage de la constitution pastorale Gaudium et Spes du Concile de Vatican II : « Certes, nous savons bien qu’il ne sert à rien à l’homme de gagner l’univers s’il vient à se perdre lui-même, mais l’attente de la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller : le corps de la nouvelle famille humaine y grandit, qui offre déjà quelque ébauche du siècle à venir. » Le chrétien se reconnaît donc à son engagement à transfigurer la création dans laquelle il vit, à en prendre soin et à la faire fructifier selon les commandements reçus par nos premiers parents au jour de la création : emplir la terre, soumettre et dominer, cultiver et garder le jardin de la création. Nous le faisons non par soucis du profit, ni par crainte de la catastrophe annoncée. Pour le chrétien être gardien de la création découle de son espérance dans la venue du Chris dans la gloire, elle découle de son Baptême qui l’engage à vivre en ressuscité. Et justement vivre en ressuscité ce n’est pas aspirer à une vie coupée du réel de ce monde, mais au contraire à vivre selon le modèle de l’Incarnation. C’est grâce à l’apôtre saint Thomas que nous comprenons cela dans l’évangile du jour. Pour Thomas, il faut être précis : si c’est bien Jésus avec son vrai corps qui est ressuscité alors il doit y avoir les signes de sa passion. Et oui au fait… Comment Thomas avait-il pu comprendre que ressusciter dans la chair comportait les traces de l’histoire vécues par ce corps ? Je pense qu’il était en fait bien plus avancé que les autres apôtres dans ce qui relève de la foi. Parce que Jésus lui répond selon les termes de sa demande. On aurait pu penser que le corps de Jésus ressuscité fût parfait ! c’est-à-dire sans trace de ce qui est mortel comme les stigmates. C’est là que l’on comprend qu’il est impossible de dissocier la résurrection de l’Incarnation. Cette dernière est l’assomption (du verbe assumer) par Dieu de la condition humble de l’être humain, et ce dans toutes ses dimensions en particulier la dimension historique. Jésus Verbe de Dieu incarné aurait raté son coup s’il n’avait pas vécu tout ce qui fait une vie d’homme de la naissance à la mort. Le corps glorieux de Jésus doit pouvoir témoigner de cela afin de montrer comment Dieu prend au sérieux ce qui fait notre vie d’homme. On a donc ici un modèle pour ce qui constitue la visée du développement intégrale de la personne humaine. Il s’agit de chercher à épanouir notre humanité dans ses différentes dimensions comme Jésus a assumé (du substantif assomption) une vie d’être humain, pleine et entière. La Résurrection apporte ce qui manque à nos réalisations terrestres et vient combler notre désir d’accomplissement en Dieu. Chose que nous ne pouvons pas nous donner à nous même. Nous pouvons pleinement embrasser la vie humaine parce que toutes ses dimensions seront glorifiées par Dieu à la Résurrection.