Chronique FabienR. 16-mai-2021

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Chronique d’Écologie intégrale tous les lundis sur Radio Espérance.

Acronymes – LS : Laudato Si – EI : Ecologie Intégrale

Chronique d’écologie intégrale du 16-mai-2021

3ème Dimanche de Pâques Année B

Les textes de ce dimanche cherchent à nous aider à approfondir le sens de ce qu’est la Résurrection de Jésus à l’époque, et aussi pour nous aujourd’hui. Dans la première lecture, il est question de justice dans l’annonce du kérygme par saint Pierre : il souligne l’injustice faites par les juifs à Jésus là où Pilate voulait faire justement respecter la justice. Cette injustice fondamentale sert de point de référence pour la doctrine sociale de l’Eglise qui a justement à cœur de mobiliser les chrétiens contre les situation d’injustice. Le Psaume 4 nous aide à le comprendre quand il dit : « Dieu ma justice ». La justice est un attribut divin. Le Psaume renvoie à la situation d’injustices vécues par un grand nombre aujourd’hui. Il n’est pas difficile de s’approprier ses mots : « Toi qui me libères dans la détresse, pitié pour moi, écoute ma prière. » C’est la clameur des pauvres qui monte vers Dieu et aux oreilles des chrétiens d’aujourd’hui. Mais il ne faut pas oublier que ce psaume a été dit par Jésus et qu’il illustre ce qui lui est arrivé. Il a été celui qui, par excellence a fait monter sa clameur vers le Père pour dénoncer l’injustice qui lui est faite. Ainsi, si nous autres chrétiens devons être attentifs tant à la clameur de la terre qu’à la clameur des pauvres, c’est parce que cela nous renvoie en premier lieu à l’injustice faite à Jésus. L’injustice faite aux pauvres et donc à la terre est une injustice que nous devons chercher à résoudre car la passion de Jésus continue dans tous les pauvres qui s’identifient à lui. Dans Laudato si’ rappelons-nous, j’insiste, que la terre en fait partie de ces pauvres. Mais le psalmiste se couche dans la paix car il a foi dans le Salut qui vient de Dieu. Jésus accepte d’aller sur la croix car il sait que la main du Père est sur lui. La résurrection est la réponse ultime à l’injustice faite à Jésus, mais aussi à toutes les injustices du monde qui sont portées par Jésus sur la croix. Jésus est qualifié par Pierre de « chef des vivants ». N’est-ce pas étonnant ? Et nous qu’est-ce qu’on lui fait ? On le tue ! C’est comme si c’était le propre de l’homme pécheur que de promouvoir la mort. Alors, ce n’est pas étonnant que nous détruisions sans vergogne la biodiversité et les vivants… dans la maison commune qui nous est confié ! Etre chrétien c’est être disciple du chef des vivants. N’est-ce pas extraordinaire de mettre cela en avant quand on s’engage dans l’écologie intégrale ? Le chrétien est défenseur de la vie humaine, mais aussi de toute vie que Dieu a créée. Bon, mais Pierre ne nous condamne pas trop vite car il dit au peuple : « Vous avez agi dans l’ignorance ». Oui c’est une évidence, il en va souvent de même quand nous péchons, a fortiori contre la création. Si nous avions idée de générer une crise écologique il y a presque 2 siècles nous aurions peut-être fait des choix de développement différents. La lettre de S. Jean nous rappelle à l’ordre : pour éviter le péché, il faut « Garder les commandements » : Cette expression est extraordinaire car si on s’intéresse à l’hébreu qui est traduit par le verbe « garder » dans l’Ancien Testament, on se rend compte que c’est le même verbe qui est utilisé pour « garder » la création en Gn 2, 15. Adam reçoit le commandement de garder le jardin de la création. Garder les commandements et garder la création c’est la même posture spirituelle. Et d’après saint Jean dans sa première lettre : « Celui qui dit : “je le connais”, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur, la vérité n’est pas en lui. » Alors, si je prolonge la réflexion, celui qui prétend garder les commandements de Dieu et qui ne garde pas celui de la garde de la création, celui-ci est un menteur ! Le verset de l’alléluia de ce dimanche apporte un complément : « Le Seigneur ressuscité est apparu à ses apôtres, il leur a donné sa paix ». Or là encore le lien avec la sauvegarde de la création est à faire. La paix de Dieu passe par la sauvegarde de la création si l’on reprend les termes de S. Jean-Paul II et de Benoît XVI : « Si tu veux la paix protège la création » écrivait Benoît XVI en 2010. Celui qui veut construire la paix et la vivre sans respecter la création, celui-ci est bien à côté de la plaque. Il y a donc un rapport étroit entre le fait de garder les commandements pour vivre en ressuscité, garder la création et recevoir et vivre la paix donnée par Jésus-Christ dans sa résurrection. Ressusciter qu’est-ce que c’est ? Saint Pierre répond : recevoir la gloire de Dieu. C’est laisser tout son être être investi par la gloire et donc aussi son corps. La résurrection concerne le corps, il n’y a pas de doute dans l’évangile de saint Luc : les apôtres croyaient voir un esprit, mais non, Jésus leur dit : « Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os, et vous constatez que j’en ai ». Il montre ses mains et ses pieds, il demande à manger ! Et voilà qu’il consomme du poisson grillé. Ainsi faisant écho l’épitre aux romains, quand Paul nous invite à reconnaître l’attente impatiente de la création d’entrer dans la gloire promise aux enfants de Dieu, nous prenons mieux le sens de ce que la résurrection de Jésus vient répondre également aux injustice qui sont faites à la création matérielle et corporelle toute entière. Alors prenons en soin, gardons-là comme nous gardons les commandements de Dieu.