Chronique FabienR. 20-mar-2021

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Chronique d’Écologie intégrale tous les lundis sur Radio Espérance.

Acronymes – LS : Laudato Si – EI : Ecologie Intégrale

Chronique de l’Ecologie Integrale du Samedi 20 Mars 2021

5ieme Dimanche de Carême année B

La caractéristique principale de la nouvelle alliance selon le prophète Joël est la suivante : « Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. » Cela signifie que la connaissance de cette Loi ne passe plus par la médiation du livre. En régime chrétien, c’est le rôle de l’Esprit Saint que d’inscrire cette loi dans le cœur du croyant par le baptême. On peut se demander ce qui a mal tourné, du coup, quand on voit ce que les hommes et les femmes ont fait au nom de la foi. On peut se demander ce qui a mal tourné quand on voit les nombreux scandales présents dans nos églises. On peut se poser la même question en ce qui concerne le rapport de l’homme à la création. Rappelons-nous, l’alliance de Dieu avec toute la création fait partie de ces alliances qui ont ponctué l’histoire du Salut dans la Bible. La Tradition chrétienne nous enseigne que cette nouvelle alliance annoncée par Joël dans la première lecture récapitule toutes celles qui l’ont précédée. Ainsi, le juste rapport à la création et aux créatures devrait être intégré dans la nouvelle alliance. Ainsi, la loi inscrite dans le cœur des croyants par l’Esprit Saint doit bien contenir cette dimension qui se formule dans les termes de la sauvegarde de la création. Joël finit ce texte enseignant que cette nouvelle alliance est inaugurée par la miséricorde divine et l’effacement des péchés. Or le pardon des péchés ne dispense pas de l’acte de conversion. Le Ps 50 proposé par la liturgie de ce 5e dimanche de Carême est là pour le rappeler. La création d’un cœur pur par Dieu est la conséquence du pardon des péchés. « Crée en moi un cœur au mon Dieu », c’est un appel à retrouver le sens de la loi inscrite dans nos cœurs par l’Esprit Saint. C’est l’occasion de retrouver alors le sens de notre rapport à la création. L’entrée dans le régime de la nouvelle alliance nécessite la conversion, en particulier de ses péchés. Pour nous retrouver le sens de l’alliance avec la création au cœur de la nouvelle alliance c’est prendre conscience de nos péchés contre la création et demander à Dieu un cœur récréé qui puisse englober cette réalité qui semble avoir été oubliée par les chrétiens. « Vers toi, reviendront les égarés, » sur le chemin de l’alliance et donc, oserai-je dire, sur le chemin de l’écologie intégrale. La deuxième lecture nous rappelle que c’est dans le sang du Christ que cette nouvelle alliance est conclue. Elle nous rappelle aussi assez douloureusement que sa réalisation n’est pas systématique. Il y a une condition à cette réalisation : l’obéissance au Christ. Cela fait écho à ce que dit Jésus lui-même dans l’évangile de ce jour : « Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. » L’auteur de l’épître aux Hébreux attire notre attention sur un aspect important de la conclusion de cette alliance : elle est passée par la souffrance, c’est-à-dire par la passion dont nous préparons le temps à partir de dimanche prochain avec le dimanche des Rameaux. Cette souffrance, nous dit le texte, s’est manifestée par un grand cri, des larmes, des prières et des supplications. Cette alliance est passé au crible de la clameur de Jésus. La tradition spirituelle nous dit que la souffrance humaine vécue unie et offerte au Christ est une manière pour nous de nous unir et de participer, sans rien ajouter, à la passion de Jésus. Une nouvelle idée audacieuse me traverse l’esprit et le cœur. Quand Laudato si’, nous dit en son § 49 que nous devons être attentifs tant à la clameur de la terre qu’à la clameur des pauvres, le pape François nous parle de la souffrance de la création. La clameur de la terre est exprimée également par les gémissements de la création en travail d’enfantement en Rm 8. Pourrait-on dire que les souffrances de la création sont aussi récapitulées dans la passion du Christ ? Y a-t’il une union possible entre la création souffrante et le Christ en Croix ? Il existe tout un courant de théologie américaine qui propose de penser cela, d’ailleurs à la suite du P. Teilhard de Chardin, ce qui lui fait dire que la création a une configuration cruciforme, non pas comme le tournevis du même nom, mais selon la forme de la croix de Jésus, celle du haut de laquelle saint Jean nous dit qu’il va attirer tous les hommes. Jésus utilise une métaphore végétale bien connue pour faire comprendre ce qui doit lui arriver. Dans Laudato si’ le pape nous invite à entrer dans le regard de Jésus sur la création en particulier quand celui-ci fait usage des paraboles qui comprennent le plus souvent des éléments issus de la nature. Jésus estime que ces simples êtres de la création sont aptes à porter le message de Salut qu’il veut nous faire passer. Ainsi le grain de blé, dans le fait même qu’il meure pour porter la vie, s’en trouve sanctifié par cet usage christique. Le grain de blé porte en lui le signe de la croix.