Chronique FabienR. 6-mars-2021

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Chronique d’Écologie intégrale tous les lundis sur Radio Espérance.

Chronique d’écologie intégrale du samedi 6 mars

Troisième dimanche de Carême année B

Acronymes – LS : Laudato Si – EI : Ecologie Intégrale

Les lectures de ce troisième dimanche de carême sont plus simples à interpréter du point de vue de l’EI que celles de la semaine dernière, grâce à Dieu. La première lecture est absolument éblouissante car en elle nous avons les fondements de la pensée biblique du Salut et… de la création aussi. En effet, le thème de la création naît à partir d’une réflexion sur l’expérience du Salut. S’il y a un texte de salut dans l’AT, c’est bien celui de la sortie d’Egypte et le passage de la Mer Rouge par le peuple hébreu ! Or ce geste de Salut est prolongé par un acte fondateur, le don de la Loi. Dieu peut sauver et continuer de sauver pour une bonne raison : il est celui qui a la puissance de créer tout l’univers, alors il ne lui paraît pas trop compliqué de faire ce, somme toute, modeste geste de Salut. Celui qui sauve est également Celui qui crée. L’acte de salut est aussi compris comme un acte créateur : Dieu crée les actes de Salut dit le prophète Isaïe. Le don de la Torah peut alors être interprété comme… un acte de création, celui du peuple Juif. Recevoir la Loi de Dieu, sa parole vivante c’est être créé et recréé. Dieu crée par sa parole. Par le don de la loi l’alliance est scellée : l’alliance est donc créatrice, vivre l’alliance c’est être créé. Or nous avons vu lors du premier dimanche de carême que Dieu passe alliance avec toute la création. Créer c’est passer une alliance. Le sommet de l’alliance c’est de vivre le sabbat. Le sens du Sabbat c’est de retrouver sa place devant Dieu sa place de créature et célébrer le Créateur. En d’autre termes, vivre le sabbat c’est reconnaître que l’on n’est pas Dieu à sa place.
Pour nous, vivre le sabbat est symbolique du sabbat promis à toute la création dans la création nouvelle. Le sabbat nous fait en outre comprendre que la création n’est pas anthropocentrée mais théocentrée, càd orienté vers Dieu, et organisée autour de lui. Le premier récit de la création ne se termine pas avec la création de l’homme au 6ème jour mais avec l’instauration du sabbat le 7ème. La création est faite pour le repos en Dieu. L’un des commandements a d’ailleurs un lien avec le rapport à la terre : « Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu. » Si on reprend les termes à rebours on peut interpréter : la terre est donnée, c’est entre autres le don de la création. L’enjeu, c’est la vie sur la terre, habiter une maison commune ou l’héritage qui nous est confié. Pour y arriver, il est important d’honorer ses parents. Cela rejoint une des lois de l’EI : « tout est donné ». Cela signifie que ce qui est premier c’est le don de Dieu. La terre est donnée en premier, nous n’avons pas à la mériter ou à l’acheter. L’enjeu n’est donc pas celui de la possession mais celui de la vie : la terre est faite pour y vivre, pour y être habitée, nous dit le prophète Isaïe.

Le Ps célèbre un autre don qui est chemin de vie. Forcément, puisque nous venons de voir que la Loi est le prolongement de l’acte créateur pour la constitution du peuple de Dieu, pour la constitution de l’alliance par laquelle nous somme créés. Par l’observance de sa loi, Dieu nous fait participer à notre propre création.

Il ne faut cependant pas confondre Loi de Dieu et loi des hommes. La deuxième lecture nous rappelle qu’il y a contradiction entre sagesse de Dieu et sagesse du monde. De même l’EI, qui est un distillat d’évangile, va à l’encontre de la sagesse du monde qui fonde son mode de vie sur la production et la consommation des biens matériels. Mettre l’EI en action comme conséquence de la rencontre avec le Christ crucifié et ressuscité, c’est être contre ce système qui nous impose des modes de vie destructeurs de la terre qui nous est donnée, destructeurs de la création et donc opposés à l’action de la Parole créatrice de Dieu. L’EI va à l’encontre de la sagesse du monde en proposant un mode de vie basée sur la sobriété.

C’est bien ce que fait Jésus chassant les marchands du temple. Il devient un signe de contradiction antisystème. C’est d’ailleurs en cohérence avec la première lecture : au temple envahi par les marchands, la pureté de l’observance de la loi est polluée par la priorité donnée à l’argent. Jésus ne dit-il pas dans les lectures de la semaine précédente qu’on ne peut servir 2 dieux la fois, pas Dieu et l’argent ! Mettre l’argent dans le temple c’est introduire et maintenir cette confusion. C’est au nom de l’amour de la maison de son Père que Jésus s’enflamme. C’est au nom du respect de la Loi, parole créatrice, qu’il se révolte contre un système qui déforme et détourne cette même Loi de Dieu au nom d’une vision humaine, étriquée, des choses. Or Jésus, est lui-même la Parole créatrice incarnée. En lui se trouve soute la création et son ordre. Ainsi quand Jésus est crucifié, c’est la parole créatrice qui est bafouée, c’est l’ordre de la création qui est maltraité. Quand Jésus est ressuscité, quand le temple de son corps est reconstruit par la Vie divine, il préfigure que c’est toute la création qui s’en trouvera alors libérée des forces de la destruction, et glorifiée, dans la puissance de la résurrection, en une création nouvelle.